Carré 61
Carré d'étude réservé par Lucie ROUSSY--RAJON
Une traversée sans que rien ne soit différent
Nom du lieu : Rue Général Ferrié
La rue est calme, déserte. Quelques personnes passent sans qu'on les remarque. Rien qu'un coin de rue ordinaire, une sensation de fraîcheur dans les narines, le début de l'hiver. Les arbres n'ont pas encore perdu leurs feuilles, ce qui dissimule toute une colonie que l'on remarque peu. On entend au loin les voitures qui passent et le murmure d'une brise légère contre les feuilles, qui plus tard les fera s'envoler, tout comme ses habitants animaliers.
On découvre un parking caché. Ouvert, mais où peu de gens s'aventurent, la solitude d'une entrée empruntée uniquement par les habitués se ressent. Au milieu de cette parcelle pleine de vie, un immeuble beige se dresse, faisant office de cloison contre le bruit entre la route et le parking, entre le passage et l'immobile. Un immeuble résidentiel parmi tant d'autres, mais qui se démarque par sa couleur claire et sa longueur, au bord d'une route si large qu'on en perd la direction.
Les épais trottoirs indiquent malgré eux une direction à suivre. Difficile, parmi ces nombreuses possibilités, de trouver son chemin. Selon l'heure, le silence laisse place au bruit des automobilistes qui passent rapidement. Le temps que l'on prend à marcher, notre allure, notre concentration influencent notre perception des lieux. Les gens ne s'arrêtent pas pour regarder mais se contentent de passer, poursuivant cette route qui semble sans fin.
En passant plusieurs fois, on en vient à connaître l'environnement sans vraiment l'observer, le ressentir. On ignore la couleur des immeubles au fil de nos trajets, les pigeons s'envolent au moindre bruit, le bus passe toutes les demi-heures, les habitudes de cet espace, mais aussi ses changements. Notre simple passage modifie l'atmosphère de cette rue, son ressenti, son aspect. Comme le passage de ceux qui empruntent quotidiennement ce chemin pour un court instant.