Carré 60
Carré d'étude réservé par Mathilde SERRURIER
Cadence urbaine
L’intersection s’étend sous un ciel bas, lourd de nuages d’automne. L’air est froid, piquant, effleurant la peau des passants serrés dans leurs manteaux. L’odeur de la cigarette s’élève du tabac voisin, dense et sèche, se mêlant à la brise fraîche qui s’engouffre dans la rue.
Les voitures et les bus glissent sur l’asphalte, leur passage ponctué de bruits métalliques, de grondements sourds. Les fenêtres embuées des véhicules renvoient une lumière tamisée, fragile, comme un dernier éclat de chaleur dans un monde qui refroidit.
De l’autre côté, un bâtiment massif se dresse dans l’humidité de l’air. À ses pieds, un petit carré d’herbe, frémissant sous les premières caresses du froid, semble perdre sa couleur. Les feuilles mortes tombent par grappes, se déposent sur le sol, recouvrant lentement la terre.
Les rires s’échappent du bar-tabac, portés par le vent froid. Les voix des habitués s’entrelacent, mais tout semble emporté par la brise, dissipé, éphémère. Le tintement des verres se mêle à cette légèreté qui précède le grand froid, se transformant en brume, presque insaisissable.
L'arrêt de bus, au coin du trottoir, semble suspendu dans l’attente. Les passants, les mains dans les poches, les nez enfoncés dans leurs écharpes, avancent lentement. Le banc, glacé, accueille des corps qui plus tard se feront emporter aux quatre coins de Grenoble.
Au-dessus, le bourdonnement de la climatisation du bâtiment voisin, froid et implacable, vibre dans l’air, réchauffant à peine l’atmosphère autour de lui.
Toutes et tous viennent et s'en vont à leurs rythmes, c'est la cadence urbaine.