Carré 56
Carré d'étude réservé par Juliette MANNERS
Derrière le béton : un vert secret
Nom du lieu : 56 Rue de Stalingrad
Dans cet éden rendu secret par d’imposants arbres, se déploie une mosaïque de vies. Des existences indépendantes, séparées derrière des murs, mais toutes si proches, délimitées seulement par le tracé des cloisons. Sur chaque balcon, des regards s’échappent, convergent vers un même point : une cour.
Une cour vivante, où la nature s'impose là où elle n'est inattendue, mêlant pelouses, arbres élancés, et murs tapissés de verdure. Un havre inattendu, à mille lieues de ce que l’on attend d’une ville, et pourtant… C’est au cœur même du tumulte urbain, nichée entre de hauts immeubles ternes qui étouffent la vue des montagnes, que cette oasis s’ouvre, insoupçonnée.
On y sent l’odeur de la terre mouillée, on y voit le vert éclatant des feuillages qui doucement se fait gagner par l’orange de l’automne. Mais le vert ne se limite pas au sol. Il grimpe, s’élève, gagne les balcons. Chaque habitant semble avoir fait pousser un bout de nature à sa manière, comme un écho à la cour en contrebas. Plantes en pots, jardinières débordantes, lianes qui serpentent le long des garde-corps : la végétation devient un langage commun, un lien discret entre ces vies distinctes.
Derrière ces feuillages, une certaine intimité se tisse. Les grands arbres protègent la cour des regards extérieurs, leurs branches formant un rideau naturel qui isole les habitants de la ville. Et pourtant en arrière-plan persistent les murmures de la ville : voitures pressées, klaxons impatients. Deux mondes se superposent.
Derrière chaque fenêtre, chaque balcon dissimulé par le vert, des vies s’écoulent en parallèle, indépendantes. Les voisins, si proches qu’ils pourraient se parler à voix basse, ne se croisent que rarement. Ils partagent un paysage, un cadre, mais restent séparés par les murs et les branches. Une étrange cohabitation naît : des regards se croisent parfois, des voix résonnent d’un balcon à l’autre, mais les liens restent flous
La cour est à la fois refuge et frontière.