Le calme après le jour.

Nom du lieu : Rue Henri Bergson

J’y suis allée le soir, un peu après dix neuf heures.

Pas beaucoup de lumière, juste celle des lampadaires et des fenêtres qui s’allument petit à petit.
La ruelle est étroite, les immeubles sont hauts, et l’air reste coincé entre les façades.

Il ne faisait ni chaud ni froid, juste ce moment où la journée s’éteint complètement.
Les gens rentraient du travail.
Certains marchaient vite, d’autres traînaient des pieds.

Pas un bruit fort, juste des bruits de pas, de clés, de sacs qui frottent contre les manteaux.
On entendait des portières, des voix lointaines,
et parfois rien du tout pendant quelques secondes.
J’ai remarqué que personne ne regarde vraiment autour de soi.

Tout le monde passe, traverse la ruelle, sans lever la tête.

Mais quand on reste un peu, on voit les lumières s’allumer les unes après les autres dans les immeubles,
on entend un volet qu’on ferme, 
et on devine les silhouettes derrière les rideaux.
La lune éclairait un peu le haut des bâtiments,
 mais pas le sol. Les ombres bougeaient à peine.

C’est calme, pas vide, juste calme.

On sent que le jour est fini, mais la ville pas encore endormie.
À force de rester là, je me suis habituée au silence.

Les petits sons sont devenus plus clairs : 
le bruit d’un pas, d'un sac qu’on pose, d'un vélo qui passe sans un mot.
Rien d’extraordinaire, mais tout précis.
Ce n’est pas un endroit marquant, pas un beau lieu.

Mais à cette heure-là, il a une ambiance à lui.

Quelque chose entre le passage et le repos.

Ni inquiétant, ni accueillant.

Juste ce moment suspendu où tout se calme.

Une parenthèse quotidienne où l’on prête attention à des bruits habituellement négligés, dans cette ambiance de transition entre travail et foyer.

Un couloir urbain étroit, guidé par les façades hautes et les portes de garage.

La cour où le soir s’installe.

Les fenêtres éclairées.