Carré 50
Carré d'étude réservé par Paul-eloi JAMES
Au milieu du béton et des oiseaux
Nom du lieu : Chemin de la Capuche
10h10 : j’arrive dans ce petit coin de ville, un bloc de béton entouré d’immeubles fatigués. Le ciel gris, encore lourd de la pluie du matin, semble nous écraser. Ici, les pigeons et les corbeaux sont les véritables habitants, plus présents – et presque plus accueillants – que les rares humains qui traversent précipitamment les lieux.
Le son définit l’atmosphère : va-et-vient des voitures, claquements métalliques du garagiste, bips sourds du chargement du supermarché voisin. Si on tend un peu l’oreille, on distingue même le ruissellement de l’eau qui tombe des gouttières, un filet régulier qui tranche avec les bruits mécaniques.
10h26 : le vacarme se calme. On n’entend presque plus que le fond sonore hésitant des voitures qui passent toutes les quarante ou cinquante secondes. Le métal grince, les ailes des oiseaux battent l’air. Partout, des sens interdit, interdiction de stationner… comme si cette rue voulait qu’on ne s’attarde pas.
10h34 : les éboueurs arrivent. Et là, c’est le chaos. Des bennes qui cognent, des poubelles qui s’entrechoquent, des néons jetés au sol, un moteur qui hurle dans l’air saturé d’humidité.
10h36 : ils repartent et laissent derrière eux une scène encore plus désordonnée : caddies perdus, sacs éventrés, papiers au sol. Un désordre qui, étrangement, semble ici normal.
13h : le froid devient mordant. Les pieds mouillés, les mains engourdies. Le ciel reste d’un gris peu accueillant, et l’envie de rentrer se fait sentir. Les rares personnes présentes sont dans leur voiture, à l’abri… je les envie. Les rares piétons lancent des regards secs, précipités, presque méfiants.
Dans cet espace aux barrières omniprésentes, la seule distraction véritable est les oiseaux : ils volent d’un toit à l’autre, descendent fouiller entre deux voitures, contournent les pics, se faufilent entre les déchets.
Et tandis que la ville se poursuit autour, dans cette enclave de béton usé, on a l’impression que le temps ici avance un peu différemment : lent, froid, gris.
Le mouvement constant dans l’immobilité

Alignement d’immeubles ternis et garages lourdement tagués

Moineau solitaire défiant les pics de métal

Arrière-cour du supermarché et façades dégradées du quartier


