Carré 46
Carré d'étude réservé par Noemie QUEROMAIN
L’heure de pointe
Nom du lieu : Rue Lazare Carnot
Un vacarme de voix remplit l’air, surenchéri par un bip sec et les portes qui s’ouvrent. Les passagers se déversent dehors tel un torrent, suivi par un bref souffle de silence qui sent encore la pluie séchée sur les manteaux et le caoutchouc humide du bus. La foule se reforme aussitôt, encore plus serrée. Nous nous retrouvons tous mêlés, comme une seule masse qui se balance au rythme brusque du bus. J’attends dans une sorte de transe, jusqu’à ce que le conducteur annonce enfin mon arrêt. En posant le pied dehors, une brise fraîche de novembre me frappe. Mes oreilles se réjouissent de l’absence de cette pollution sonore étouffante - la ville ne m’a jamais semblé aussi silencieuse.
Je marche sur une rue calme, presque vide, puis je m’installe sur les marches froides d’un immeuble de la rue Lazare Carnot. Ma montre indique 17h45 : l’heure de pointe, paraît-il. Petit à petit, je me détends, et mes sens s’habituent à ce « faux » silence : au loin, les rues voisines grondent encore, un bruit de circulation et l’odeur des pots d’échappement qui finit par envelopper tout l’air. Des voitures tournent à la recherche d’une place. Des gens passent, un chien en laisse, un sac de courses à la main, tous avançant tranquillement, comme si le calme du quartier imposait son rythme. Ensemble, ils composent une petite symphonie de pas, de murmures et de froissement humide des imperméables. Un orchestre agréable et doux, en fort contraste avec la cacophonie du bus.
Le concert dans lequel j’étais plongé se brise soudain : un horodateur sonne, puis une porte vitrée s’ouvre derrière moi. Un souffle chaud s’échappe de la porte ouverte, futile, et laissant derrière lui un froid humide semblant plus intense.
En face, les fenêtres s’éclairent une à une. La fin de l’heure de pointe arrive doucement, et les habitants quittent le tumulte de la ville pour retrouver leur coin de tranquillité, comme une petite île paisible au milieu du mouvement. C’est l’heure de rentrer chez soi.
L’îlot de silence au sein de la métropole

Les feuilles tombées, le quotidien poursuit sa route.

La rue respire au rythme tranquille des passants.

Dans le silence de la nuit, la rue retient un instant de vie.


