Carré 3
Carré d'étude réservé par Jules LOEWERT
sur une île montagne à la croisée des mondes
Silence, grondement. Isolé sur une île montagne, la tendresse de mon environnement laisse doucement entrevoir la disgrâce de la ville. Perché, les vents malmènent le bourdonnement au-dessus de la Bastille, tantôt forts, tantôt doux, mais ils ne s’arrêtent jamais. Chuuut, écoute la brume nuageuse qui laisse place aux lueurs contagieuses de la ville dans l’espace. Immobile, mes sens sont malgré moi à l’écoute de tous les sons, de toutes les images, de tous ces mondes. Ça court vite et doucement à la fois, les gens ne se doutent pas de ce qui les attend une fois arrivés sur mes pas.
Les structures qui se dessinent en contrebas modulent le vent, le guidant dans des couloirs étroits ou vastes, accentuant les échos urbains qui résonnent contre les façades. À chaque pas, l’architecture se fait témoin, dirigeant la lumière, déformant l’ombre, imposant sa présence dans le paysage. La ville, même depuis cette hauteur, reste une toile mouvante où l’humain s’inscrit et disparaît, influencé par la géométrie des bâtiments et le flux continu des sons.
À l’aurore d’une vie urbaine prise dans la panique de ses peines, jusqu’à cette cambrousse, autre place pas si lointaine. J’ose voir qu’ici certains méritent une bouffée d’air à la saveur passagère. Contempler, marcher, transpirer du plaisir à escalader sont leurs activités, les gens y sont pour quelques heures invités. Désormais, la nuit est tombée sur la vigne qui m’a enveloppé, elle est tombée sur l’ouest du fort, devant l’horizon. Horizon, le mot est faible, car d’ici, je peux tout observer, sans me limiter. Deux traits de lumière soulignent la profondeur de la cité, comme ses cheveux d’or qui m’ont intrigué. Peu à peu, les phénomènes s’éteignent, l’aube viendra les réveiller bien avant que le soleil ne se lève. Mais ses deux yeux ronds en contrebas, eux, auront veillé.