Carré 113
Carré d'étude réservé par Aubin RIEUNAU
La nature est là, mais pour combien de temps ?
Nom du lieu : Avenue des Francs-Tireurs et Partisans Français, Échirolles
Sur une route en légère pente menant à la rocade sud, bordée d’une piste cyclable, se trouve le carré n°113.
24/09,17h11
Assis sur une glissière de sécurité, j’analyse les environs, bercé par les bruits d’une route à forte circulation. Rien ne les arrête, car les feux sont figés. Je regarde ma montre, nous sommes bien samedi, et le chantier est à l’arrêt. Quand plus aucune voiture ne passe, le silence est brisé par les chants des oiseaux provenant de la forêt derrière moi. Le passage des cyclos du coin ainsi que du vieux monsieur jetant son pain aux pigeons en bas de l’immeuble me rappelle que je ne suis pas seul hors de mon habitat. Je ressens alors le contraste entre un endroit paisible et calme, où seuls les moustiques défient la tranquillité, et un lieu de passage, où le ballet incessant des véhicules provoque un signal sonore semblant interminable.
Tout le monde passe, mais personne ne s'arrête.
06/10,10h18
Ici, deux mondes s’opposent. D’un côté, un coin de verdure inhospitalier. De l’autre, un immeuble flambant neuf anthracite et jaune d’or, venant écraser de toute sa hauteur les environs. Au milieu, la double-voie à la signalisation temporaire, venant jouer le rôle d’un no man’s land entre l’ombre et la lumière.
L’ombre de la grue se projetant sur la façade de l’immeuble vient me faire comprendre que cet endroit est en transition. Transition, entre un monde sauvage et naturel qui résiste sous forme de friche urbaine, et l'ordre de l'aménagement établi par l’Homme, symbolisé par les sauges de Russie plantées en rangs le long de la double-voie.
12/11,18h46
Je reviens une dernière fois sur les lieux, me postant en contrebas de l’immeuble, épié par une caméra de surveillance. C’est la fin du samedi après-midi, les cyclos du coin se transforment en livreurs Deliveroo, et les familles rentrent chez elles. Le soleil a disparu, mais les lumières du hall prennent le relais, au gré des allers et venues des habitants indifférents à ma présence.
Va et vient entre la ville et sa périphérie
Quand la hauteur devient anecdotique, l’immeuble et le ciel ne font qu’un.
Le jaune, synonyme de provisoire
La clôture comme un espalier, où les ronces viennent s’y mêler.