Carré 112
Carré d'étude réservé par Adrien VAREILLE
Entre abandon et renaissance
À mon arrivée, je me retrouve face à un grillage sombre, derrière lequel une végétation compacte s’élève comme un mur vivant. Les déchets abandonnés depuis des mois diffusent une odeur lourde, rappel discret de l’emprise humaine. Je me demande si cette clôture protège le lieu ou tente seulement de contenir la nature qui déborde.
Pourtant, un passage existe : un trou minuscule, presque secret, dissimulé derrière une voiture. Je m’y faufile. Sous mes pas, les branches mortes craquent comme un avertissement. Peu à peu, les bruits de la ville s’effacent : les klaxons, les moteurs, les chantiers… Tout s’étouffe derrière moi. Ne restent que les croassements rauques des corbeaux, quelques notes d’oiseaux perdues, et le souffle du vent dans les feuillages.
La nature ici règne sans partage. Sauvage, anarchique, imprévisible. Entre les arbres morts et les broussailles épaisses, je sens une force brute, une liberté presque insolente. Et pourtant, au sol, les détritus témoignent d’un passage humain qui n’a rien laissé d’autre que sa négligence.
En levant les yeux, j’aperçois une bribe de ciel entre les branches. Pour un instant, la ville disparaît. Grenoble, Échirolles, les chantiers… tout s’éloigne comme un rêve bruyant. Assis sur un tronc renversé, je me laisse envelopper par cette étrange harmonie née du chaos. Ici, la nature se relève, l’homme recule, et l’équilibre fragile du lieu semble tenir dans un souffle.
C’est une friche, un refuge, une blessure. Un espace incertain, menacé, mais d’une force silencieuse. Et dans cette tension entre abandon et renaissance, je trouve une paix que je n’attendais pas.
Blessure verte

La paix inattendue au cœur de l'abandon

Le rappel discret de l'emprise humaine

La frontière du chaos : entre friche et béton


