Carré 100
Carré d'étude réservé par Lomée VUARRIER
Passages
La porte automatique d’une grande surface n’est pas un simple mécanisme : c’est un véritable dispositif de passage, un lieu où l’on change d’état. Elle s’ouvre dès qu’on approche, comme un œil de verre qui capte le moindre mouvement. Dehors, le froid, l’humidité, l’attente ; dedans, une lumière stable et une chaleur promise.
Cette porte agit comme un filtre : elle organise les flux, accélère certains, ralentit d’autres. Certains entrent vite comme dans un refuge, d’autres hésitent, se laissent surprendre par leur reflet ou par la transparence du seuil. Le passage impose un micro-moment, une décision immédiate : continuer, ralentir, s’abriter. Le geste paraît banal, mais il raconte déjà quelque chose.
Appareil en main, droit devant la porte, j’étais immobile pendant que les autres accomplissaient leur petite étape du passage. Certains ralentissaient en me regardant, d’autres accéléraient pour ne pas “me déranger”. Quelques-uns m’ignoraient totalement, d’autres souriaient ou faisaient un petit signe vers la caméra. Leur façon de réagir disait beaucoup : on devinait ceux qui étaient pressés, ceux qui étaient fatigués, ceux venus “vite fait” pour une course, ou ceux simplement contents d’être là. En restant planté devant la porte, j’ai compris qu’elle ne révélait pas seulement leur manière d’entrer : elle révélait aussi leur humeur, leur état du moment, leur raison d’être ici.
Cette porte est un passage pour tous : jeunes, vieux, pressés ou lents. N’importe qui la traverse, sans distinction ni barrière.
la sortie du weekend ?
ou simplement chercher un abri rapide, une parenthèse sèche sur son chemin avant de continuer sous la pluie.
ou encore la dernière étape avant de retrouver la chaleur de son foyer .


