Carré 50
Carré d'étude réservé par Billel KHODJA EULAMA
Un lieu banal
« Rien d’extraordinaire » me suis-je dit en arrivant.
En effet, quoi de plus banal qu’une ruelle sinueuse dont personne ne prête attention à cause d’une grande avenue qui lui fait de l’ombre.
Quoi de plus banal qu’une rue n’étant conçue que pour être traversée, elle n’est pas faite pour qu’on s’y arrête et qu’on la regarde de près, non, elle permet juste de relier deux grands axes. C’est le type de rue qui, si demain venait à être condamnée peu de gens le remarqueraient.
Elle le sait c’est pourquoi elle se néglige, s’effrite, se craquelle, se fissure, elle est monotone : c’est comme si le temps n’avait pas d’impact sur elle ou peut-être tellement qu’il en a eu cela ne se voit plus.
Mais en y prêtant un peu plus attention, on peut voir:
Deux garages automobiles qui se font face, la rue ici prend le rôle d’un champ de bataille tant la rivalité est rude.
On peut entendre un vieillard à la voix forte, qui se plaint du ramassage des poubelles à un fonctionnaire de mairie ; la rue va amplifier son message en créant un écho comme si elle était d’accord.
On entend aussi une voiture qui fait un bruit peu ordinaire, c’est pourquoi elle se dirige vers le garage, sa propriétaire est une habituée, elle semble un peu dépassée, et demande désespérément de l’aide au garagiste.
Cette rue qui de prime abord semble repoussante, nous donne au contraire une sensation apaisante, on s’y sent en sécurité, c’est peut-être dû à ses grandes structures en béton qui nous couvrent du vent et qui nous font se sentir protégés.
Alors oui ce lieu n’a rien d’ « extraordinaire », mais à force de se focaliser sur l’exceptionnel on en oublie l’ordinaire : ces lieux qu’on fréquente tous les jours, ces lieux qui ne sont pas photographiables, ces lieux qu’on ne regarde plus, ces lieux qui sont à peine visibles sur les cartes.
Un endroit n’est pas juste ordinaire ou extraordinaire mais c’est la façon dont on le regarde qui le rend spécial.
Reflet d’une société
« La Nature reprend ses droits:
Elle refuse l’Homme et ses lois. »
Khadidja Sohbi
« La liberté n’est qu’1 statue au bout de l’Atlantique! »
Signe de vie au milieu du "néon".