Carré 46

Carré d'étude réservé par Albane DEPERRAZ

entre frontière et transition

Nom du lieu : Rue Lazare Canot

Vous ne voyez très sûrement pas qui je suis.
C’est normal,
et pourtant je suis bien ici.
Immobile, je prends place.
Je suis un des arbres de la rue Lazare Canot.
On ne fait pas attention à moi.
Je suis à la fois comparable et remplaçable.
Vous pourriez très certainement me confondre avec un de mes semblables.
Nous avons tous le même rôle.
Chacun est réparti à égale distance dans son mince espace.
Nous sommes bien loin des grandes forêts sauvages désordonnées.
Au milieu de la rue bétonnée, je suis comme noyé dans le ciment, coincé entre la route et le trottoir.
Je suis en fait indispensable.
Au fil des saisons, je change constamment l’ambiance des lieux.
J’apporte de l’ombre et de la fraîcheur en été,
de la couleur lors des automnes grisés.
Sans mes feuilles, le quartier est comme nu en hiver,
et mes bourgeons le font renaître au printemps.
C'est la hauteur qui me permet d’enfin aller où je veux, et ainsi de déployer mes branches.
J’habille alors le quartier tout entier.
Et pourtant, personne ne vient ici pour me regarder.
A mes pieds, les humains ne sont que de passage.
Les simples passants traversent les lieux discrètement.
Les habitants, eux, se glissent silencieusement dans leur appartement.
C’est le lointain et constant brouhaha des agitations de la ville, et le chant d’oiseaux qui vient rythmer l’ambiance sonore du quartier.
Mais où sont donc passés les signes de vie des occupants des lieux ? Ont-ils tous disparu une fois leur porte d’entrée passée?
Seuls quelques murmures s’échappant des vitres entrouverte, laissent penser qu’il y a bien de la vie à l’intérieur.
Rien n’est accessible depuis la rue,
le mystère reste tout entier.
J’essaye alors de titiller du bout de mes plus hautes branches les premiers balcons.
Je n’ai pour seule réponse, que les rideaux et volets des appartement fermés.

La rue Lazare Canot est entre arbres et appartements, est un lieu de frontière et de transition, est entre espace public et espace privé.

Circulation silencieuse.

Vue sur un quartier qui semble peuplé mais qui n'est enfaite que fantôme.

Des volets fermés comme barrière entre extérieur et intérieur.

À chacun sa place.

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