Carré 30
Carré d'étude réservé par Paul RIPERT
Partir ou Rester ?
Nom du lieu : Place Victor Hugo - Croisement du Boulevard Edouard Rey et de la rue Molière
Au premier abord, on s’imagine un coin de place, ouvert sur les espaces verts et les axes environnants, ce serait cependant négliger un des aspects fondamentaux de cet espace : il est barré dans le sens de la longueur par les rails du tramway grenoblois. Loin d’être un aménagement anodin, il transforme radicalement les perceptions de la place. Coupant l’espace en deux, telle une lame acérée, il sépare les flux, les cheminements jusqu'à même notre vision, obscurcie à intervalles réguliers par le va-et-vient des tramways argentés. Il en résulte dès lors deux espaces aux tonalités différentes.
Au Sud-Est se trouve la place, verte et ombragée, tournée vers la détente, on cherche sa quiétude, des étudiants en pause déjeuner aux séniors venus lire leur journal, c’est un lieu propice aux rencontres, aux longues conversations, a une forme d’attente heureuse, on redoute l’heure de partir, de quitter cet espace de quiétude, le temps y est un long fleuve tranquille. En toile de fond, le brouhaha urbain s’échoue sur les oreilles des flâneurs comme la vague qui meurt sur la plage.
Au Nord-Est, tout change brusquement. Coincé entre rues et immeubles, un nœud de transports. Tramways, bus, car, un ballet incessant, le bruit résonne, répétitif. Pas de temps à perdre, pas d'espace pour rester, toujours en mouvement. L'attente détestée, l'urgence de partir, peu importe la direction, parce qu'au final, on ne fait que passer. Voitures, sonneries de tramways, vélos qui s'engouffrent. La pensée se morcelle, les sons l’assaillent, cloches, sonnettes, cris, vrombissements, les stimuli sont légion, le repos y est impossible.
Ainsi, la place offre un espace contrasté, façonné par l’aménagement urbain, entre le calme centenaire des arbres et des immeubles anciens, et nos vies, toujours plus rapides.