Carré 23
Carré d'étude réservé par Nathan BELLOU
La rive des contrastes
Nom du lieu : Voie de Corato
En ce début de soirée, au moment où le vent se fait plus présent. Bercé par le clapotis de l’Isère, je suis captivé par les couleurs me faisant face. Ce tableau de maître se reflétant dans un miroir d’eau en catimini, sous un coucher de soleil happé par ces flots, me semble d’une apaisante singularité. Cette palette colorée m'emplit d’une enivrante gaieté. Toutefois, encerclé par un ballet de véhicules vrombissant, on m’extirpe de ma rêverie et je me rattache à la vie active de la ville. Cet espace reflète divers aspects de la société urbaine, où je m’imagine vivre dans un quotidien aussi divers que les deux pans bordant le cours d’eau à mes pieds. Là, au bord de cette rivière où l'on se perd, je ne perçois plus que la douceur du vent sur mes joues.
J’écoute et j’observe : il est l’heure où tout va vite, les gens pressés passent tout en accélérant le pas, ne faisant de leur vie que le seul astre d’un univers, où les autres ne comptent pas. Les véhicules démarrent en trombes au feu passant au vert, les mêmes qui s’engagent dans une attente tardive animée par les différents spectres lumineux des feux tricolores. Tandis que le courant de l’Isère contraste avec cette accélération du rythme de la vie, cette perte de sérénité, ce fil d’eau incessant, inépuisable, repousse toute anxiété urbaine pour ne laisser place qu’au présent équilibre des éléments.
C’est en me promenant dans cet espace, ici, où mes sens sont aussi éveillés que le courant de l’Isère, que je me retrouve en ces lieux. Ceux qui animent la ville comme les battements d’un cœur animent notre corps. C’est en effet la rencontre de la sérénité, de la douceur et de l’impassible agitation citadine que je retrouve à chaque fois que je longe ces berges m’attirant toujours en ces lieux. Cette attraction que j’éprouve, qui m’envahit pleinement pour la rive qui me fait face, détonne de celle qui me fait garder les pieds sur ce sol bitumé, comme l’odeur des pots d’échappement saisissant mon nez de tout son être.