Une pause dans les flux

Nom du lieu : Pont de Saint-Egrève sur l'Isère, Barage EDF

Mon premier passage à Saint-Égrève était le 21 septembre 2023. La chaleur était écrasante et les nuages rajoutaient une lourdeur ambiante. Quand je me suis arrêtée sur le lieu, le bruit m’a très rapidement submergée. J’ai été un peu frustrée de ne pas avoir accès à l’entièreté du carré. En effet celui-ci est divisé en 3 : une partie est protégée par des grillages car le pont est un barrage EDF, au centre passe la D105F, enfin à l’autre extrémité se trouve une piste cyclable.
J’ai trouvé le lieu très hostile pour trois raisons :
- Le fait de rester statique entre tous ces flux - passage de véhicules motorisés, passage de vélos, passage d’eau – donnait le sentiment de violer une loi.
- Le vent mélangeait les bruits en un brouhaha régulier et assourdissant, mais après un petit temps d’analyse de l’environnement j’ai mieux distingué les bruits. D’abord celui de l’Isère, filtrée plutôt violemment par le barrage. Ensuite le bruit des véhicules qui en passant sur les jonctions du pont faisaient comme des battements de cœur régulier qui s’approchent puis s’éloignent en faisant trembler le sol.
- Enfin j’ai trouvé déstabilisante la puissance des éléments : les montagnes ont l’air d’être en mouvement ainsi que les eaux sombres et furieuses de l’Isère accentuées par la puissance industrielle du barrage hydroélectrique, deux mondes qui se rencontrent et qui nous font paraître insignifiant.es.

J’ai choisi pour mon deuxième passage un contexte tout autre. Le samedi 11 novembre au matin la température s’était largement refroidie depuis la dernière fois malgré la présence d’un agréable soleil. Ces éléments ont donné un aspect plus agréable. Je me suis rendue compte aussi que le fait de retourner sur ce lieu et de m’y attarder me faisait m’y sentir plus à l’aise.
Le sentiment de gêner, faire obstacle au flux régulier était toujours présent mais j’ai apprécié l’expérience de sortir du temps en m’attardant sur un endroit auquel personne ne prête attention.

Observation des détails masqués par l'immensité des éléments.

Les eaux de l'Isère relâchées par le barrage EDF qui s'écoulent en direction du Nord-Ouest.

Face Sud-Est avec en premier plan la piste cyclable, en second plan la route Départementale puis en arrière plan les grillages du barrage EDF.

Plan plus large du pont avec la vue sur la Draye de Seblou.