Carré 146
Carré d'étude réservé par Victor DUVAL
Regard
Nom du lieu : forêt au sud d'Echirolles
Après une marche contemplative, non sans détours sur les nombreux sentiers de cette forêt, j’arrive enfin aux abords de “mon carré”. Je quitte le sentier et monte quelques pas à travers une coupe de défrichage: ça y est, j’y suis !
Je m'assois sur un parterre de feuilles mortes et de bouts de bois retournant à la terre, recouvert de mousse verte et formant un terreau fertile aux jeunes pousses, dans un bruit de froissement de feuilles, et je laisse les lieux guider mes sens. J'observe de grands hêtres et châtaigniers de toutes tailles filtrant la lumière et créant ainsi des rayons qui viennent se projeter sur les taillis formant le sous bois. Ici tout peut paraître être figé mais la vie est bien là. Les moustiques dansent avec les feuilles qui tombent et les insectes font leur vie tandis que les oiseaux chantent, égayant les lieux. Des bruits étouffés d’un chantier dans la ville en contrebas rythment le chant du vent dans les feuilles.
Quand soudainement je me retrouve tout nu. je me hâtais pour prendre photos et vidéos quand mon téléphone s'éteignit dans mes mains car il n'avait plus de batterie. Une nouvelle dimension s’ouvre alors à moi. Je ne saurais la décrire mais c’est une sorte de sensation de plénitude, de solitude, j’ai l’impression d'être moi-même. C’est une sensation agréable, enivrante. Plus de téléphone signifie plus d’heure: la notion du temps devient purement subjective. Ces grands êtres feuillus autour de moi ont eux aussi l’air d’en avoir que faire du temps. Ils sont comme figés mais en même temps complètement vivants, ancrés dans la terre et communiquant avec le ciel. Les arbres ne sont pas les seuls. Ici, tout le monde vit à son propre rythme, sans se soucier de l’Homme, en bas, dans la pleine. J’envie leur sérénité.
En prenant du recul, je remarque que, alors que j'étais parti pour observer ce qui m'entoure, je me découvre moi-même. Serait-ce le bénéfice d'un endroit coupé du monde, sans civilisation à outrance ni temps arbitraire ?
un toit protecteur
une question d'échelle
le sous bois, un espace secret
dessin de ciel