Carré 145
Carré d'étude réservé par Tatiana CUSTEVICI
Au cœur des ombres
La forêt s’étend autour de moi, vaste et mystérieuse, tel un sanctuaire oublié. Les branches au-dessus forment une cathédrale naturelle, une voûte sombre où la lumière du jour n’est plus qu’un souvenir effacé. L’air frais, presque piquant, est saturé d’humidité et imprégné de l’odeur terreuse des feuilles en décomposition. À chaque pas, le tapis de végétation sous mes pieds vibre, un craquement discret qui résonne dans ce royaume silencieux.
La ville est invisible mais omniprésente, envoie ses échos. Le grondement d'un moteur s'élève en bas, et des voix ténues flottent comme des ombres sonores, perdant leur substance au fur et à mesure qu'elles s'éloignent. Le contraste est frappant : ici, l'immobilité tranquille de la forêt ; là-bas, l'agitation incessante des hommes. Entre ces deux mondes, je me tiens, suspendu dans un espace intermédiaire. Je ferme les yeux, et les bruits urbains se superposent, vibrant sous mes pieds comme un rappel que la vie moderne s'écoule.
Au loin, le soleil descend lentement, se noyant dans l’horizon, et la lumière s'adoucit. Le ciel se pare de teintes infinies, du rose délicat au bleu profond. Je lève les yeux entre les branches ; les dernières lueurs du jour luttent contre la nuit qui s'installe. Je ne sais pas pourquoi, mais pour moi, à ce moment-là, le froid et la nuit sont la même chose que la solitude. Je pose ma main sur l'écorce d'un arbre. Rugueuse et froide, elle me reconnecte à l'essentiel, à une réalité plus vaste que mes pensées.
L’odeur du bois humide et de la mousse fraîche envahit mes narines, une fragrance primitive qui m’enveloppe et m’ancre dans l’instant présent. Les sons de la forêt s'intensifient autour de moi, chaque bruit résonnant comme une invitation à explorer davantage. Je sens la présence de la vie dans chaque geste des feuilles, dans le chant des oiseaux qui commencent à se faire rares. À cet instant, je me plonge dans la magie du lieu, laissé à mes pensées et aux murmures de cette forêt .