Carré 13

Carré d'étude réservé par Inès MALDERA--SOUDAN

Prendre part aux remparts

Nom du lieu : Auprès d'un pilier de la Bastille

6h52, à peine arrivée, le froid vient me glacer
L’obscurité m’enlève toute sécurité
Contre ce mur je me suis adossée
8h, le clocher se met à sonner, l’aube fraîchement levée

D’un côté du fort, je me sens protégée mais presque enfermée
De l’autre, je me sens en liberté face à l’immensité
Les premières bulles sillonnent, le pilier se met à grincer
Corbeaux et mulots réveillés se mettent à chanter

Solitude, calme, nature, éloignement
Circulation, construction, urbanisation, pollution
Histoire, mémoire, témoignage, narration
Rencontre, évolution, vieillissement

13h58, assise sur un banc j’observe tous les passants,
Randonneurs, coureurs, promeneurs, voyageurs,
Tous aussi uniques, mais similaires en cet air contemplateur,
Les yeux illuminés et stupéfaits comme des enfants

Entrer dans les bulles, se sentir dans sa bulle, s’isoler de la civilité
Grimper les escaliers, ou en forêt explorer les sentiers
La nature, inhérente à la Bastille, vient freiner notre virée
Et les portes du fort nous empêchent de pénétrer

15h36, sur ce banc, un papy installé admirant ce qui l’entoure
Le bas muret cache « l’industrialité » et nous laisser savourer
Impressionnés par la monumentalité des montagnes enneigées
Qui viennent subtilement dessiner des contours à ces alentours

J’entends le papy penser, se ressourcer dans le calme serein
Déjà cinquante ans qu’il vient souvent sur ce chemin
Sachant que chaque balade est une nouvelle destinée
Qui doit être intimement apprivoisée, respirée, vécue et embrassée

17h01, le vent se lève, cyclistes et coureurs sont essoufflés
Des globe-trotteurs viennent discuter et capturer cette curiosité
Un an que je ne suis pas venue mais l’impression de n’être jamais partie
Des souvenirs surgissent, si longtemps que je n’avais pas autant ressenti

Maintenant ébahie et troublée face à ma « minusculité »
Ce papy me confie ne jamais s’en lasser
Prendre conscience de son inéluctable mortalité
Pour se délecter de chaque instant malgré sa simplicité.

« Stop, allez, J’arrête de me presser, J’vais courir, j’vais marcher, j’vais sourire » Ben Mazué, Quand je marche

Au loin dans les artères, les pulsations urbaines rythmées par la circulation des « glo’bulles ».

Derrière cette enceinte protectrice, la respiration des promeneurs se fait plus apaisée.

Le temps passe, érode et marque ses rides. Le paysage reste immuable, traverse les ères.

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