Carré 110
Carré d'étude réservé par Yann JOUBERT
"Toute la vie est une scène de théâtre, chacun fait sa partition et s'en va" Aristote
Nom du lieu : Entrée Sud du Parc Maurice Thorez, Echirolles
Trois pommes de pin tombent dans un bruit sourd. Ces trois coups annoncent le début de la pièce de théâtre. “Silence ! Le spectacle commence !” Les branches des arbres, comme de lourds rideaux de velours, s’écartent doucement, dévoilant une scène vivante où chaque élément joue son rôle.
Les rires des enfants résonnent comme des éclats d’applaudissements, contagieux et chaleureux. Ce chœur joyeux se mêle au chant paisible des oiseaux, créant une légère harmonie. Au loin, le murmure des voitures rappelle discrètement que nous sommes encore en ville, mais ici, il est couvert par la vie qui s’épanouit. Le parc devient un microcosme où les bruits du quotidien (fenêtres qui s'ouvrent, pas des promeneurs et chuchotements du vent) forment une bande sonore à la fois familière et réconfortante. Sur cette scène naturelle, chaque détail semble chorégraphié.
Les bancs et les marches, disposés en arc de cercle comme les gradins d’un théâtre antique, invitent les spectateurs à contempler l’invisible. Et les immeubles en arrière-plan, dont les fenêtres sont semblables aux balcons d’un opéra urbain, nous permettent d’observer les promeneurs âgés, souvent accompagnés de leurs chiens, qui croisent les éclats d’énergie des plus jeunes. Ces contrastes, entre enfance et maturité, racontent une histoire intemporelle : celle du cycle de la vie.
Les taches dorées dansent sur le sol au rythme du vent, comme une performance d’ombromanie jouée par le soleil. Les pies, nombreuses après une nuit de pluie, picorent le sol humide avec une précision de danseuses étoiles.
Ce théâtre à ciel ouvert apaise et inspire. Le vent frais calme l’esprit, comme une douce symphonie. Ici, à l'entrée de ce parc, on ressent la beauté du simple, le poids insignifiant de notre présence face à l’immensité du temps qui passe. Le spectacle de la vie est toujours en représentation, et chaque visiteur devient, l’espace d’un instant, le spectateur émerveillé de cette pièce sans fin.